C'est le paysagiste Gilles Clément qui a eu pour mission de « montrer » au public (visuellement et intellectuellement) ce qu'était physiquement la ligne de partage des eaux et son rôle dans la fabrication du paysage. Pour cela, il a décidé de s'associer à un groupe de deux jeunes paysagistes, IL Y A, pour l'aider à parcourir la ligne à pied (plus de 100 km !) et afin de trouver le bon concept et la forme qui agisse comme un signal dans le paysage tout en ne le dénaturant pas. Basé à Nîmes, IL Y A intervient dans les champs de l'aménagement du territoire, du jardin au grand paysage. Il regroupe deux paysagistes concepteurs, Marion Soulairol et Vincent Prévost, issus de l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles-Marseille.

Un paysagiste[*][*][*] : c'est quoi ?

Source : www.cnrtl.fr/lexicographie/paysagiste

Ingénieur agronome, jardinier, paysagiste, écrivain et enseignant, Gilles Clément (né en 1943) commence sa carrière de paysagiste au début des années 1970 en concevant des jardins en France et à l'étranger pour une clientèle privée. En 1977, il crée le « jardin en mouvement », concept reposant sur l'idée de coopération avec la nature et issu d'expériences réalisées dans son propre jardin. Le concept est appliqué dès 1983 à l'espace public : la commande du Parc André Citroën en 1986 lui donne l'occasion de l'appliquer à grande échelle.

Gilles Clément a conçu de nombreux jardins dont ceux du Musée du Quai Branly ou du Domaine du Rayol. Penseur et théoricien, il est aussi l'inventeur de plusieurs concepts aujourd'hui célèbres, comme ceux du jardin planétaire et du tiers-paysage.

Jardins du Musée du Quai Branly (Paris)Informations[*]

Le jardin planétaire

« Le Jardin Planétaire est un concept destiné à envisager de façon conjointe et enchevêtrée :

- la diversité des êtres sur la planète

- le rôle gestionnaire de l'homme face à cette diversité.

Le concept de Jardin Planétaire est forgé à partir d'un triple constat :

- la finitude écologique

- le brassage planétaire

- la couverture anthropique.

La notion de finitude écologique survient au milieu du XXème siècle en même temps que s'approfondissent les connaissances écologiques sur la planète. Elle fait apparaître le caractère « fini » de la biomasse planétaire, rend la vie précieuse et précaire, non indéfiniment renouvelable, donc épuisable. De ce fait elle responsabilise l'homme, être conscient, sur son rôle de garant d'une diversité inconsciente et tributaire de son action. Enfin elle pose les limites de l'enclos dans lequel se joue l'avenir de la diversité dont l'homme fait partie : la biosphère, fine pellicule autour de la planète, limitée aux limites-mêmes d'apparition de la vie. Le mot jardin vient du germanique « Garten », qui signifie enclos. Historiquement le jardin est le lieu de l'accumulation du « meilleur » : meilleurs fruits, fleurs, légumes, arbres, meilleur art de vivre, meilleures pensées ... Le Jardin Planétaire est le lieu de l'accumulation de toute une diversité soumise à l'évolution, aujourd'hui orientée par l'activité humaine et jugée en péril. »

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Le Tiers-Paysage

« Le Tiers-Paysage –fragment indécidé du Jardin Planétaire- désigne la somme des espaces où l'homme abandonne l'évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc ... A l'ensemble des délaissés viennent s'ajouter les territoires en réserve. Réserves de fait : lieux inaccessibles, sommets de montagne, lieux incultes, déserts ; réserves institutionnelles : parcs nationaux, parcs régionaux, « réserves naturelles ».

Comparé à l'ensemble des territoires soumis à la maîtrise et à l'exploitation de l'homme, le Tiers-Paysage constitue l'espace privilégié d'accueil de la diversité biologique. Les villes, les exploitations agricoles et forestières, les sites voués à l'industrie, au tourisme, à l'activité humaine, l'espace de maîtrise et de décision sélectionne la diversité et parfois l'exclut totalement. Le nombre d'espèces recensées dans un champ, une culture ou une forêt gérée est faible en comparaison du nombre recensé dans un délaissé qui leur est attenant. Considéré sous cet angle le Tiers-paysage apparaît comme le réservoir génétique de la planète, l'espace du futur. »

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