Olivier Leroi a un parcours singulier. Né en Sologne en 1962, il est forestier de formation. Il suit ensuite les cours de l'Institut des hautes études en arts plastiques créé à Paris par Pontus Hulten, le premier directeur du Centre Pompidou. Eclairé par cette nouvelle expérience, il développe un travail de dessin et de sculpture dont le fil rouge est la relation au milieu. Il s'inspire volontiers dans son oeuvre des mystères du paysage et d'une perception affinée du territoire tout en maniant avec sensibilité l'humour et l'absurde.
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Deux de ses oeuvres précédentes peuvent faire l'objet d'une réflexion croisée avec 1 020 km par rapport à la question de la représentation de l'eau et par rapport à l'utilisation du mode narratif.
Il s'agit de la sculpture[*] Le troisième souffle et d'un projet de commande publique, Une molécule d'eau dans l'eau.
Dans Le troisième souffle, plusieurs scénarios semblent possibles. La présence du poisson évoque celle de l'eau. Mais à première vue celle-ci est absente. Est-ce vraiment le cas ? Que nous raconte l'histoire qui se déroule sous nos yeux et dont nous avons accès à un seul épisode (comme un arrêt sur image, une pause dans le temps) ? Qu'a-t'il pu se passer avant pour aboutir à cette situation ? Que se passera-t'il après ? Est-ce que l'eau a disparu (et pourquoi ?) ? Est-ce qu'elle est absente car le poisson a été sorti de son milieu naturel ? Ou est-ce que l'eau est là mais invisible (représentée en "creux", comme une "réserve") autour du poisson ? Et que dire de la bulle qui sort de la bouche du poisson ? Elle est à la fois un élément essentiel de la sculpture (elle sert de piédestal au poisson) mais elle en est aussi l'élément le plus fragile, le plus éphémère. Elle est traitée en transparence pour évoquer par l'invisible (le verre) un élément invisible (l'air). Mais elle est aussi fabriquée en verre soufflé : l'air est donc l'outil qui a permis d'en créer la forme, en plus d'en être le sujet représenté et le contenu. Et s'il s'agit bien d'une bulle d'air comme semble le suggérer le titre, qu'est-ce qui aurait pu induire un tel changement de comportement de la part du poisson ?
Une molécule d'eau dans l'eau s'intéresse aussi à la question de l'eau et de sa représentation mais en se basant sur d'autres paramètres et en bousculant les échelles (moléculaire/humaine/terrestre).
« "Le projet comporte une première phase d'expérimentation : elle consiste à suivre la Loire par une balise Argos ayant l'aspect d'une molécule d'eau. Celle-ci a été mise à l'eau par l'artiste et un groupe d'élèves du lycée professionnel le mercredi 12 mars 2008 entre Veauche et Veauchette (à une centaine de kilomètres du Mont Gerbier de Jonc, source du fleuve). La progression de cette balise a été accompagnée en temps réel depuis le lycée via un site web du C.L.S (gestionnaire des balises argos dans le monde), indiquant sa température et sa position géographique. La balise a parcouru la Loire jusqu'au Mexique, grâce à une batterie spéciale d'une autonomie de deux ans. Les élèves impliqués dans le projet - et témoins vigilants de ce parcours - ont expérimenté par son suivi une géographie active, mais surtout, les riverains, les communes et toutes les organisations publiques et privées liées à la Loire (exploitants de barrages, voies navigables, établissements publics, Ligue de protection des oiseaux, Fédération des chasseurs et pêcheurs, Club Kayak, pompiers etc.) ont été invités à y porter leur attention et sont intervenus pour l'aider à franchir les obstacles rencontrés. La seconde phase de l'œuvre a pris forme sur la grande baie vitrée du hall d'accueil du lycée. Cette réalisation donne une vision poétique de cette expérience, des paysages, de la faune, de la flore et des lieux traversés. Cette œuvre qui agit comme un marqueur de territoire révèle les paysages, l'environnement. Elle s'est nourrie d'imprévus, de rencontres et d'expériences partagées." »
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