C'est par une commande publique de « 1% artistique » lancée par le Département de l'Ardèche avec l'aide de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l'Etat (FEDER) dans le cadre de la rénovation du site du Gerbier-de-Jonc que l'artiste Olivier Leroi a été sélectionné pour imaginer une œuvre d'art.

En effet, le « 1% artistique » est un dispositif créé en 1951 qui consiste à consacrer, à l'occasion de la construction ou de l'extension d'un bâtiment public, un financement représentant 1% du coût des constructions à la commande d'une ou plusieurs œuvres d'art conçues par des artistes contemporains pour être intégrées au bâtiment considéré ou dans ses abords. Ce dispositif[*] permet ainsi à des artistes de créer des œuvres dans l'espace public et contribue à sensibiliser le public à l'art contemporain. Il constitue un outil primordial de soutien à la création dans le domaine des arts visuels.

Cette œuvre a été commandée en 2009 par le Département, soit bien avant le lancement du projet du PARTAGE DES EAUX par le Parc de Monts d'Ardèche. Mais elle a été installée sur le site au moment où le parcours artistique se mettait en place et y a donc été "naturellement" intégrée.

Pourquoi "naturellement" ?

> d'un point de vue géographique parce que le Mont Gerbier-de-Jonc est traversé par la ligne de partage des eaux (cf Le Gerbier-de-Jonc et les Sources de la Loire)

> d'un point de vue artistique parce que, même si cette œuvre ne dialogue pas avec le paysage de la même manière que les autres œuvres du parcours, elle est une « réponse » de l'artiste au contexte*[*] propre à ce site et repose sur une démarche*[*] similaire.

C'est la présence très forte de l'eau dans le paysage et tout particulièrement la singularité de l'existence des 3 sources de la Loire qui a inspiré l'artiste. Mais c'est aussi l'imaginaire lié à ce fleuve (le plus long de France, le plus sauvage...) qu'il a souhaité interroger, voire questionner. Le titre qu'il a choisi, "1 020 km", est simple, trop simple ? Il renvoie d'une manière assez abstraite à la longueur du fleuve, entre les sources et l'embouchure. Mais est-ce qu'une simple mesure peut définir ce qu'est la Loire, voire décrire la "réalité" de ce fleuve ? Et sinon, comment la représenter, la raconter ?

Plutôt que de fabriquer un objet posé sur le site, Olivier Leroi a souhaité imaginer une proposition artistique en 3 parties, faisant appel à 3 médiums* différents (plaques en acier émaillé / film / photographies) et présentées dans 3 espaces plus ou moins proches du Mont Gerbier-de-Jonc (en extérieur sur la Maison de site et près des 3 sources / en intérieur à la Maison de site et à la Ferme de Bourlatier / en dépôt dans la collection de l'Artothèque d'Ardèche pour une diffusion sur tout le territoire ardéchois).

Plusieurs représentations de la Loire utilisant la cartographie et son vocabulaire (vue d'ensemble et zooms ; changement d'échelle[*] / vue aérienne / vue du sol ; légendes) mais aussi l'image (film et photographies ; mouvement / fixité ; cadrage[*] ; profondeur), proposent ainsi plusieurs portraits du fleuve et de son territoire qui en se combinant (comme une sorte de puzzle) viennent en donner une image un peu plus complexe. L'artiste tente ainsi de cerner au plus près son sujet tout nous incitant à nous interroger sur la réalité de ce que nous voyons et de ce que nous savons. L'image qui en ressort en est-elle plus "vraie" ?

Olivier Leroi, 1020km, plaque apposée sur la Maison de site du GerbierInformations[*]
1 020km, plaque apposée sur la Maison de siteInformations[*]

1 020 km c'est :

- un film d'une durée de 7h20 réalisé par Olivier Leroi en collaboration avec le cinéaste Gilles Coudert. Tourné depuis un hélicoptère, il permet de survoler la Loire en temps réel depuis ses sources jusqu'à l'estuaire.

  • « Pour répondre à la commande, il y a dix ans, il m'avait semblé primordial de montrer le parcours du fleuve à partir de ces petits filets d'eau que sont les sources. De proposer un voyage dans les échelles temps / espace, 1020 km en une journée de survol. La caméra, telle une vis sans fin, ouvre le paysage comme le fait le fleuve en révélant au passage la topographie ainsi que la présence humaine sur le territoire. On ressent si on s'y attarde un peu le principe de l'écoulement ; personnellement pour le comprendre et le visualiser, je reviens mentalement à la carte et à une sorte de maquette mentale avec de l''eau versée sur une pente. [...] J'aime beaucoup ce fleuve qui est à la fois poétique et "électrique" (il héberge quatre centrales nucléaires), le film en fait un portrait concret, en utilisant ce protocole : prise de vue des sources à l'estuaire en ayant toujours les deux berges à l'image. Malgré la simplicité de ce système, on observe au bout de quelques minutes de projection, un apaisement chez le spectateur. Le sentiment du vol ? La détente de l'oiseau ? Une résonance avec l'eau qui constitue notre corps ? »

- trois plaques en acier émaillé apposées près des trois sources officielles de la Loire et signalant leur singularité et leur emplacement géographique. Une quatrième plaque est installée sur la façade de la Maison de site et présente la cartographie du parcours de la Loire. Ces quatre plaques forment un ensemble symbolique et décalé qui instille des indices tout à la fois poétiques et humoristiques sur la géographie et la faune locale.

- une série de photographies[*] confiée par Olivier Leroi au au photographe Thibaut Cuisset (1958-2017) avec une contrainte : prendre une photo tous les cinquante kilomètres le long du fleuve, des sources jusqu'à l'estuaire. Déposées à l'Artothèque de l'Ardèche, elles font régulièrement l'objet d'expositions dans différents lieux du département mais ne sont pas visibles sur le site du Gerbier-de-Jonc.

Une oeuvre en trois parties donc. Le choix de ce chiffre 3 est intéressant... Comme dans le travail d'Olivier Leroi, rien n'est laissé au hasard, que nous dit-il du lien entre l'œuvre et le site qui l'accueille ?

Informations[*]

A faire sur le site :

> Devant la Maison du site, la plaque principale montre le cours de la Loire depuis ses sources jusqu'à l'estuaire et la présence humaine et animale. Mettre en lien ces éléments et la l'association souvent faite de la Loire comme "fleuve le plus sauvage".

> Près de la source géographique, une borne indique la distance jusqu'à l'estuaire de la Loire. Faire le lien avec le titre qu'Olivier Leroi a choisi pour son œuvre. Que met-il ainsi en valeur ? Pourquoi à votre avis ? Qu'est-ce que son titre évoque pour vous ?