Depuis le chemin de randonnée qui mène au Moure de l’Abéouradou et au « Phare » de Gloria Friedmann, la forêt est bien présente. Si le Parc des Monts d’Ardèche est aujourd’hui l’un des parcs naturels régionaux les plus boisés de France, cela n’a pas toujours été le cas. Environ les deux tiers des forêts actuelles n’existaient pas il y a deux siècles. La forêt couvrait alors 15 % du territoire, alors qu’elle en occupe aujourd’hui plus de 60 %.
Les forêts sur le territoire du Parc des Monts d’Ardèche sont donc très majoritairement « jeunes ». Les études de la carte de Cassini (fin du XVIIIe siècle) et des cartes d’État-Major du XIXe siècle nous apprennent que seuls quelques massifs forestiers perduraient en Ardèche à cette époque. Les forêts dites de Boizon et de Bauzon, allaient de Loubaresse à Usclades. Correspondant aux sites d’implantation des abbayes cisterciennes de Mazan et des Chambons et de la Chartreuse de Bonnefoy au XIIe siècle, on peut supposer qu’il s’agit là des seuls espaces d’envergure ayant connu une longue continuité de l’état boisé. Cette vocation forestière pourrait perdurer depuis 10 000 ans, date de la re-colonisation naturelle intervenue après la dernière période glaciaire.
Suite à la loi de 1860 sur le reboisement des terrains en montagnes, la forêt du Tanargue a fait l’objet d’une série de restaurations de terrain en montagne (RTM). De quoi stopper le phénomène d’érosion de la montagne et protéger les habitations alentours.
Forêts patrimoniales, gestion conservatoire : Issues des anciens domaines religieux, ces forêts sont devenues, à la révolution, propriété de l’État : forêts domaniales des Chambons, de Bonnefoy de Mazan. Ce sont plusieurs milliers d’hectares, complétés à la fin du XIXe siècle par des forêts dites de restauration des terrains en montagne permettant de lutter contre l’érosion (Tanargue, Chavade…) qui sont gérés par l’administration des Eaux et Forêts devenu l’Office National des Forêts. Sa mission : assurer l’approvisionnement de la filière bois tout en garantissant le maintien, le renouvellement et le « bon état » des forêts.
Forêts anciennes, biodiversité exceptionnelle : Les forêts sont les habitats naturels qui hébergent le plus grand nombre d’espèces. On peut ainsi retrouver en Europe plus de 10 000 espèces forestières, composées pour l’essentiel d’insectes et de champignons. À l’échelle du Parc des Monts d’Ardèche, ces anciens et grands massifs de forêt de montagne constituent donc une particularité et une richesse. Mais ces sites présentent d’autres avantages : prairies d’altitudes, tourbières, vallons humides, gorges profondes, falaises, éboulis, autant de situations très favorables à l’expression d’une biodiversité spécifique. Toutes les conditions sont donc réunies pour l’expression d’une nature libre, alliant « biodiversité » et « naturalité ».