« On peut considérer dix ans ou cent ans comme temporaires. Je ne suis pas conscient du permanent. Si une œuvre reste pendant cent ans, l’œuvre et sa signification se transformeront. Il n’y a pas de conscience du permanent chez moi. Le permanent qui est éternellement inchangé n’existe pas dans le monde. Tout est temporaire. C’est temporaire d’être ici et maintenant. Je n’ai aucune idée de la permanence. La permanence n’est qu’un imaginaire, que métaphysique. J’ai un doute sur la permanence. Je ne recherche pas l’achèvement. J’ai un doute sur l’achèvement. Un produit fini serait fixé, fini. En fait après l’achèvement, avec le temps, un produit fini se transforme, il n’y a qu’un processus. C’est le processus au lieu du résultat. Donc je ne m’intéresse pas à l’apparence définitive car cette dernière n’existe pas. Il y a le pouvoir de la mémoire et de la tradition orale. Même si l’œuvre disparait, elle sera transmise comme on hérite d’une expérience. L’œuvre temporaire dépend souvent de la tradition orale. » Tadashi Kawamata
Tadashi KAWAMATA. Entretien avec Wakako TANABE, mars 2019 cité in L’art à ciel ouvert, Flammarion, 2019
> Que pensez-vous de cette réflexion de l’artiste Tadashi Kawamata ? Comment résonne-t’elle avec l’œuvre de Felice Varini ?
> Dans ses œuvres temporaires, Felice Varini utilise comme matériau[*] de prédilection des rouleaux d’un scotch d’aluminium adhésif qui peuvent être peints. A l’Abbaye de Mazan, il utilise la feuille d’or, un matériau intimement lié à cette question de la durée de l’œuvre et à sa relation physique avec le bâti sur lequel elle est apposée. A votre avis, que recherchait l’artiste en utilisant ce matériau ?
Ressources supplémentaires à retrouver sur la page consacrée à l’œuvre « Un cercle et mille fragments » sur le site www.lepartagedeseaux.fr