Les grands espaces aux confins de l'Ardèche, de la Lozère et de la Haute-Loire ont attiré les communautés monastiques dès le Moyen-Age. Bénédictins, Cisterciens (Abbaye de Mazan, Abbaye Notre-Dame des Neiges) et Chartreux (Chartreuse de Bonnefoy) vont trouver, dans des vallons abrités, des conditions d'isolement propices à la contemplation mais également à la vie quotidienne : présence d'un cours d'eau, d'une forêt, de pâturages… Les moines ont joué un rôle important dans l'évangélisation de la région et dans sa mise en valeur économique.

 

En 1098, Robert de Molesme quitte l’abbaye de Molesme dont il est abbé, pour s’installer dans un marécage dans le duché de Bourgogne : il souhaite revenir à une vie monastique plus stricte qui respecterait mieux la règle de saint Benoît, en bâtissant ce qu’il appelle « le nouveau monastère ». Robert fonde ainsi l'abbaye de Cîteaux car il reproche à l'ordre de Cluny auquel il appartient, de manquer de ferveur religieuse et de vivre dans le luxe : à Cîteaux, il souhaite revenir aux fondamentaux de la vie religieuse et du monachisme. Cependant, il doit réintégrer son abbaye d’origine et Albéric lui succède à la tête de la communauté, suivi d’Etienne Harding qui rédige la Charte de charité, un texte qui fixe les idées novatrices de la nouvelle congrégation cistercienne.

 

À Cîteaux, le rôle des frères convers qui ont une vocation manuelle, est primordial. En effet, ce sont eux qui s’occupent de l’intendance de l’abbaye pendant que les moines de chœur prient. Le partage des tâches est bien défini, « mais religieux et convers ne forment qu’un seul corps, dont les premiers sont, si on peut dire la tête et les seconds, les membres ».

Avec Saint Bernard et la fondation des quatre premières filles (La Ferté, Morimond, Clairvaux, Pontigny) l’ordre commence à se développer. L’abbaye de Mazan voit le jour en 1119, soit vingt-un ans après Cîteaux.

 

L’abbaye de Mazan est la première abbaye cistercienne en Languedoc. Sa fondation s’est étalée sur quatre années (entre 1119 et 1123) et s’est déroulée en deux étapes.

Ce nom provient du nom du domaine où elle est installée « le Mas-d’Adam » qui deviendra par la suite Mazan.

Le premier site choisi par la première communauté (chanoines de Viviers) n’est pas vraiment propice à la fondation d’une abbaye. Ainsi, des moines venus de l’abbaye cistercienne de Bonnevaux (Dauphiné) viennent lui prêter main forte et lui conseillent de déménager sur le lieu actuel, d’abord pour se rapprocher du ruisseau de Mazan, ce qui va lui permettre d’avoir l’eau courante dans l’abbaye (viviers, forge, lavabo), ensuite pour être mieux protégée des intempéries.

Les cisterciens essaiment dès qu’ils sont trop nombreux. Mazan est la mère de 4 abbayes d’hommes : Sylvanès, Le Thoronet, Bonneval, Sénanque ; et de 6 abbayes de femmes : Mercoire, Bellecombe, Sauvebénite, Clavas, Allès et la Selve.

 

Reconstitution de l’abbaye au XIVe siècle

L'abbaye de Mazan avant 1661. Essai de reconstitution J.J. 82 + Ph. Astier 21. Tiré du livre de J.-M. GARDES : "Le secret de la légende de la cloche aux pièces d'or de l'abbaye de Mazan". La Bouquinerie, Valence, 2005

Source : Livret sur l’Abbaye de Mazan 2022 réalisé par la Communauté de communes de la Montagne d’Ardèche